Construction d’une église


Selon Guillaume Durand : « Or, voici comment on doit construire une église. Après avoir préparé la place des fondements, selon cette parole : « La maison du Seigneur est bien fondée sur la pierre ferme », l’évêque ou le prêtre qui en a obtenu la permission, doit y répandre de l’eau bénite, pour chasser de ce lieu, les fantômes des démons, et placer dans la fondation la première pierre, sur laquelle on aura gravé et fait le signe de la croix.

Elle doit être aussi bâtie de telle sorte que la tête regarde droit vers l’orient… Le chevet de l’église sera donc tourné vers le lever équinoxial du soleil, pour signifier que l’Eglise, qui combat sur la terre, doit se conduire avec modération et égalité d’âme dans la joie comme dans les afflictions…. L’église matérielle dans laquelle se rassemble pour louer Dieu, représente la sainte Eglise qui est construite dans les cieux de pierres vivantes…. Les fidèles, prédestinés à la vie éternelle, sont les pierres employées à la structure de ce mur, qui sera toujours élevé et construit jusqu’à la fin de ce monde Et une pierre est posée sur une pierre quand ceux qui enseignent dans l’église se chargent avec zèle des enfants pour les enseigner, pour les reprendre et pour les fortifier dans la foi…. Le ciment, sans lequel le mur ne peut être durable et ferme, est fait de chaux, de sable et d’eau. La chaux, c’est la charité brûlante qui s’unit au sable, c’est-à-dire les choses de la terre et leur affection… Toutes les pierres du mur, polies et carrées, représentent les saints, c’est-à-dire les hommes purs qui, par les mains du suprême Ouvrier, sont disposés pour demeurer toujours dans l’Eglise… la disposition de l’église matérielle représente la forme du corps humain, car le cancel ou le lieu où est l’autel, représente la tête, et la croix de l’une et de l’autre partie les bras et les mains ; enfin, l’autre partie qui s’étend depuis l’occident, tout le reste du corps… l’église se dresse sur quatre murailles, c’est-à-dire qu’elle s’élève par la doctrine des quatre évangélistes. Elle est longue, large et s’élève en haut, c’est-à-dire aux plus hautes vertus ; sa longueur c’est la longanimité qui supporte patiemment les adversités, jusqu’au moment où elle parviendra à la patrie céleste ; sa largeur c’est la charité qui, dilatant et élargissant l’âme des hommes, chérit ses amis en Dieu et ses ennemis pour Dieu ; la hauteur de la nef, c’est l’espérance de la récompense à venir… le fondement du temple de Dieu ou de la grâce, c’est la foi qui consiste à croire ce que l’on ne voit pas. Le toit représente la charité qui couvre la multitude des péchés. La porte est l’obéissance dont le Seigneur dit : « Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements ». Le pavé est l’humilité dont le Psalmiste dit : « Mon âme est restée collée au pavé ». Les quatre murailles latérales sont les quatre principales vertus de la Religion : la Justice, la Force, la Prudence et la Tempérance.